Vous avez sans doute déjà entendu quelqu’un citer le proverbe : « Toute vérité n’est pas bonne à dire ». Cela signifie-t-il qu’il est parfois nécessaire de mentir ? Quelles sont les raisons du mensonge ? Est-il important de tout raconter aux autres ? Pour débattre sur le sujet, parlons un peu des effets bénéfiques et négatifs de ces petits et gros mensonges que nous formulons de temps en temps.
Selon la définition du dictionnaire, le mensonge, c’est le fait de mentir, de camoufler ou de modifier la vérité. Si le mensonge est un sujet fréquent de débat, c’est notamment à cause de ses motivations et ses formes qui sont aussi nombreuses que les cheveux sur la tête. Mensonge d’intérêt, mensonge pour ne pas blesser une personne qu’on porte dans son cœur, mensonge pour éviter l’humiliation… Il en existe tellement. Mais est-il vraiment légitime de mentir ? Est-ce véritablement utile ? Y aurait-il des cas exceptionnels où l’on a le droit de mentir ? Faisons le tour de ces questions.
Mensonge ou non ? Menteur ou non ?
Même si l’explication ci-dessus renvoie une image plutôt simple à comprendre du mensonge, cette notion revêt tout de même des aspects qui manquent de clarté. Le mensonge peut être défini comme étant une parole non identique à la pensée de la personne qui le formule, une affirmation fausse dite à une ou plusieurs personnes…
Pire encore, mentir peut s’accompagner d’une attitude « mensongère ». Vous pouvez être ami avec un supérieur hiérarchique dans le but d’être promu alors que vous ne l’aimez même pas, amadouer une personne que vous détestez juste pour gagner sa confiance dans un objectif précis… Ainsi, notre façon d’agir n’exprime pas toujours ce que nous pensons réellement.
Toujours est-il que mentir n’est pas effectif lorsque l’on ignore que l’on ment. À titre d’exemple, si un enfant prétend avoir vu un monstre sous son lit, il ne ment pas, il est absolument persuadé de l’avoir aperçu. Par contre, un employé qui aide son confrère qui ne s’est pas rendu sur son lieu de travail en déclarant qu’il est tombé malade, alors qu’en vérité il a accompagné une belle femme au restaurant, celui-ci ment. Alors peut-on dire qu’il s’agit de mensonge ou non ? Ce sujet est clairement ambigu.
Mentir, berner, trahir, leurrer, qu’en disent les maîtres-penseurs ?
Tout le monde semble être partagé sur le concept du mensonge. Kant est choqué du fait que le mensonge existe, sous prétexte que cela déprave l’aptitude morale de l’homme. De plus, cela n’aide pas les autres à réagir comme il se le doit. D’autre part, Vladimir Jankélévitch et Benjamin Constant sont plus décontractés sur le sujet. Il est possible de mentir puisque nous sommes des hommes ou pour nous épargner des désagréments.
De son côté, Machiavel indique que le président de la République, le Roi ou le dictateur est souvent contraint de proférer des mensonges, dans l’intérêt de son pays, au détriment du salut de son âme. Cependant, si l’on regarde en arrière et qu’on reconsidère certaines décisions politiques, tout porte à croire que les mensonges sont avancés dans un souci personnel et non pour le bien du peuple. Alors Monsieur Machiavel, cela démontre que vous avez tort !
La duperie, le grand allié de tous les jours
En cas d’absence du mensonge, la vie sociale serait distincte de celle que nous vivons à l’heure actuelle. Oui, si chacun savait précisément ce que les gens pensent, tout serait différent. Si votre voisin de longue date savait que vous trouvez sa fille un tantinet crédule, que vous pensez que votre beau-frère a mauvaise haleine ou que votre collègue est plus agaçant qu’agréable… Cela engendrerait une incontestable cohue, nous sommes tous d’accord sur ce point.
Ainsi, le mensonge pourrait être favorable dans la mesure où il apporte la paix et non le désordre. Prenons un exemple. Votre petite fille à peine âgée de 5 ans annonce à votre patron : « Monsieur, ma mère dit que vous êtes un grand bourreau ». Cela vous a fait un choc. Or, votre enfant n’a pas menti, exactement comme vous le lui avez appris. Vous ne pouvez pas lui faire de reproches. Mais comment lui faire comprendre que dans certaines situations, il est préférable de fermer sa bouche, donc de mentir par omission ? Vous ne pouvez pas. Cela s’apprend au fil des années, alors que votre enfant grandit et constate que dans certains cas, les adultes avouent certaines choses et en cachent d’autres, même s’ils y croient vraiment.
Y a-t-il un degré d’importance du mensonge ?
Au mépris de certains sages, la vie nous apprend par expérience qu’il existe des mensonges graves et moins graves. Les mensonges peuvent en fait être répartis en plusieurs catégories, allant du mensonge banal, au mensonge de courtoisie, en passant par le mensonge pour préserver la vie sociale et le mensonge pour duper autrui pour quelque motif que ce soit. Et il y en sûrement d’autres.
Si vous ne dites pas à votre amie qu’elle sent mauvais de la bouche, il s’agit d’un mensonge par omission qui ne peut blesser personne. Ce, même si cela pourrait probablement aider votre amie à réagir et à remédier à sa mauvaise haleine. Mentir sur ce que vous ressentez pour une personne pour la tromper, sur un geste qui a eu de graves répercussions sur une personne, tout cela est néanmoins répréhensible. Si l’on tient compte de tous ces exemples, jusqu’à quel point peut-on mentir « utilement » ou « moralement » ? Quelle est la limite du « pieux mensonge » ou du « mensonge intolérable » ?
Aucun mensonge n’est sans effet
Pour répondre à la question : « y a-t-il un niveau de gravité du mensonge ? », il faudrait se pencher sur les conséquences dudit mensonge. Si votre mari vous pose la question : « Suis-je plus beau que Ben Affleck ? ». Vous avez tout intérêt à donner une réponse en faveur de votre mari, pour faire régner la paix au sein de votre couple. Toutefois, dans une situation du même genre, en omettant de dire la vérité, vous empêchez une personne de pallier un problème, de s’améliorer, de trouver une issue à un souci.
Si vous approfondissez le sujet, la plupart du temps, même si les effets d’une trahison ou d’une duperie paraissent sans gravité, ils peuvent être infinis et provoquer tôt ou tard des problèmes. À titre d’exemple, si vous mentez à votre partenaire sur les sentiments haineux que vous ressentez envers sa famille, vous vous refusez à l’éventualité de pouvoir résoudre le problème en couple. Vous vous engouffrerez alors dans un trou sans fond, duquel vous aurez du mal à sortir. Bref, vous créez une brèche entre vous et votre conjoint, et cela ne peut qu’empirer. Pensez à méditer à tout cela…