C’est une remarque que l’on peut faire au quotidien : nombreuses sont les femmes qui ressentent la nécessité de s’excuser à tout bout de champ. Peu importe le problème, elles demandent pardon, même pour des broutilles. Mais pourquoi ces gentes dames ont-elles cette tendance immaîtrisable à toujours vouloir présenter des excuses ? Et pour quelles raisons les hommes n’agissent-ils pas ainsi ? Les excuses sont-elles bénéfiques ? Faisons le point sur le sujet, sans pour autant demander pardon !

« Je suis navrée », « je vous présente mes excuses », « pardon ». Vous êtes une femme ? À combien de reprises vous êtes-vous excusée alors qu’on vous a poussé en pleine rue ? Ou lorsqu’on vous a réclamé un papier que vous n’êtes même pas supposée posséder ? Ou quand vous avez souhaité demander l’addition dans un restaurant ?

Selon des psychologues canadiens qui ont étudié le problème en 2010, les femmes sont plus prédisposées aux excuses que les hommes. Pour ces experts, cela est dû au fait que les femmes soient plus sensibles aux attitudes et situations susceptibles d’offenser, et sont enclin à ménager les autres. Cette habitude d’atténuer leurs paroles, au désavantage de leur amour-propre, est notamment causée par une enfance durant laquelle elles ont été incitées à manifester de la politesse en toute circonstance.

Faire partie de la gent féminine, un statut parfois compliqué à assumer

La femme a peur d’importuner les autres, elle demande pardon lorsqu’elle veut poser une question ou quand elle est légèrement en retard. On peut finir par croire que les femmes s’excusent d’exister. Ce comportement est inhabituel chez les hommes, qui présentent tout de même leurs excuses, mais seulement quand ils pensent qu’ils ont vraiment tort ou qu’ils ont commis une faute grave.

Les spécialistes, qui se sont penchés sur cette prédisposition féminine à s’excuser pour tout et pour rien, notent un sentiment d’injustice courant chez le sexe faible. Cela découle de préceptes enseignés dès le plus jeune âge. Si les parents ou la société exigent des garçons d’être forts et indépendants, les filles sont plutôt encouragées à être plus compréhensives envers les autres et à être courtoises.

Les filles, tandis qu’elles deviennent des femmes, continuent à se conformer à cette « règlementation » alors qu’elles intègrent l’univers professionnel, et ce, même dans leur vie privée. Cette réserve ou modestie incessante porte atteinte à leur faculté à diriger au sein d’un milieu professionnel, ce qui pourrait faire stagner leur progression. Cela peut même mener à des situations où les autres ont l’habitude de considérer les femmes comme des personnes faibles. Que faire pour y remédier ?

Serait-il nécessaire de ne plus s’excuser ?

Pour bon nombre de personnes, la réponse est oui, il faut arrêter les excuses à longueur de temps. Une marque renommée de shampoing s’en est même servie en guise de slogan : « Just Not Sorry ». Et soit dit en passant, vous avez déjà entendu parler de l’extension dédiée à la messagerie Gmail ? Mise au point par la jeune entreprise américaine Cyrus Innovation en 2016, cette extension nommée « Just Not Sorry » propose une idée particulièrement amusante. Quand vous écrivez un mail, le plug-in colore en rouge toutes les expressions qui rendent le message moins intense ou qui éveillent l’incertitude, telles que « Désolée », « je ne suis pas certaine », « seulement »… Voici un plug-in qui peut constituer un excellent coach pour améliorer l’affirmation de soi !

Entreprendre une cure de « désolé détox » : comment procéder ?

Une technique consistant à faire une cure de « désolé détox » a été élaborée aux États-Unis, et suggère un sevrage de 21 jours pour vous débarrasser de cette fâcheuse manie de vous excuser à tout va. Au cours de la première semaine, les pratiquantes sont conviées à cesser radicalement de s’excuser. Oui, carrément !

S’il vous arrive de piétiner une personne dans la rue par inadvertance, souriez-lui et voilà ! Votre enfant ou votre animal de compagnie s’est amusé avec le dossier que vous deviez remettre le lendemain à votre supérieur ? Vous lui dites tout simplement que le dossier lui sera parvenu dans moins d’un jour, sans donner davantage d’explications. Tentez cette expérience et vous constaterez au début qu’il peut être assez compliqué de vous défaire de cette habitude. Mais ne vous inquiétez pas, à l’instar d’un sevrage tabagique, les trois premiers jours sont souvent les plus pénibles.

Pendant la seconde semaine, ne vous arrêtez pas dans votre élan et à la place du vide laissé par cette obsession de vous excuser, remettez-vous en question, et demandez-vous d’où provient cette propension impulsionnelle à être navrée. Vous craignez de désappointer les autres ? Vous manquez de confiance en vous ? Vous éprouvez un sentiment d’illégitimité ? Lorsque vous aurez compris pour quelle raison vous avez tant peur de décevoir ou de déranger, vous pourrez travailler sur ce point et faire en sorte d’avoir plus confiance en vous.

Enfin, à la dernière semaine, vous devez tenir bon afin de ne pas retrouver vos anciennes habitudes. Alors que vous vous êtes libérée de vos peurs profondes, vous devez travailler sur la réaction à adopter en cas d’incident : retard, oubli… Ne cherchez pas à prévoir la réaction des autres ou à penser à leur place. Vous devez par ailleurs prendre conscience de vos réflexes quand vous parlez, et essayer de les changer.

À titre d’exemple, au lieu de dire « Je peux vous importuner une seconde ? », dites « Vous avez une seconde ? ». Ne formulez plus vos phrases avec des excuses, comme « Désolée de vous poser cette question », et dites « Je peux vous poser une question ? ». Cessez de dire, « Excusez-moi, je suis en retard » et dites « Ah les embouteillages, ils m’ont mise en retard ». Mieux encore, ne dites absolument rien !

Comment vous excuser sans trop en faire

Cependant, faites gaffe à ne pas faire l’opposé de ce que vous devez faire. Ce, car certaines personnes ne demandent jamais pardon, quand bien même elles auraient eu tort. Bien que cela favorise le développement personnel, cela compromet leur image à l’égard des autres. De plus, cela est considéré comme un signe d’inconscience, et même de dédain envers autrui.

Dominique Picard, qui est un professeur de psychologie sociale, souligne dans son livre intitulé « Politesse, savoir-vivre et relations sociales » que la vie en communauté est un prétexte à se déranger réciproquement. La règle de la courtoisie nécessite ainsi de réparer l’affront enduré, et de demander pardon. Si vous savez que vous avez offensé une personne, que vous l’aviez fait exprès ou non, présenter des excuses est un signe de respect, voire une façon d’amoindrir votre culpabilité.

Bref, pensez à tout cela. Et entretemps, ne manquez pas de consulter l’ouvrage d’Yves-Alexandre Thalmann « Au diable la culpabilité », qui vous invite à partir à la découverte de votre for intérieur.