Au sein de la société actuelle où la vie évolue à un rythme effréné, bon nombre de personnes s’impatientent et perdent petit à petit leurs sens. Et pourtant, cela les empêche de tirer pleinement profit du moment présent. D’où vient cette manie d’être pressé ? De quelles manières se présente la maladie du temps ? Y a-t-il un prix à payer ? Comment ralentir, voire freiner, afin d’adopter un meilleur mode de vie ?

Ce temps que nous n’utilisons pas à bon escient…

Vous rappelez-vous le dernier jour où vous n’avez rien fait pendant plus d’une minute ? Et la dernière fois où vous avez pris du temps pour admirer un paysage, ou juste pour regarder dans le vide en ne pensant à rien ? Quand est-ce que vous vous êtes assis dans le hall d’un bureau sans directement toucher à votre téléphone ? Cela fait sans doute longtemps. Peu importe ce que vous devez faire, vous êtes toujours confronté à une situation d’urgence. Ce, soi-disant pour être performant et vous dépasser.

Certains sont tellement fiers d’exhiber leur agenda surchargé et s’applaudissent d’avoir exécuté un travail rapidement. Dans tout cela, ils dépensent une grande partie de leur énergie pour rechercher des solutions qui pourraient leur offrir un gain de temps. Si vous êtes dans ce cas et que vous gagnez du temps, que faites-vous ensuite de ce temps épargné ? Pour sûr, ce temps gagné ne sera pas utilisé pour votre bien-être, à croire le nombre de personnes tombant dans la dépression ou le surmenage. Bref, la plupart d’entre nous n’exploitent pas leur temps comme il se le doit.

Qu’est-ce que la « maladie du temps » ?

Il y a de cela un peu moins d’une quarantaine d’années, Larry Dossey a présenté une théorie sur la notion de « maladie du temps ». Ce terme dissimule un sentiment très courant au sein des sociétés occidentales, selon lequel le temps est précieux. Malheureusement, il passe très vite. Ainsi, chacun doit occuper ce temps jusqu’à la moindre seconde.

Et pourtant, cela génère une impatience incessante, justement alimentée par la peur de perdre la moindre seconde, qui est une denrée de valeur. Ce qui nous incite à accomplir des tâches le plus rapidement possible, et même à en faire plus d’une à la fois, pour soi-disant optimiser en permanence ce temps bref que nous avons. Tout cela nous semble prolonger le temps, alors que ce n’est pas le cas. Accélérer les choses ne signifie pas nécessairement gagner du temps.

Les illusions, parfois trompeuses, de la rapidité

En parallèle à cette manie de vouloir tout accélérer, il y a des concepts que la digitalisation tend à rendre réels. En étant hyperconnecté, cela nous renvoie une illusion de notre aptitude à effectuer plus d’une tâche à la fois. Et cela confère en quelque sorte un semblant de contrôle du temps. Nous avons l’impression d’optimiser ce temps. Ainsi, aucune seconde n’est perdue. Néanmoins, le coût de cette nécessité d’être rapide est conséquent.

En voulant à tout bout de champ avancer plus vite, notre horloge biologique est automatiquement désactivée. De plus, il est exposé à un stress continuel qui, sur le long terme, peut grandement porter atteinte à notre santé. Et parce qu’il faut progresser à grande vitesse, nous choisissons une alimentation basée sur des produits industriels. Et tout le monde sait que cela n’est pas sans risque pour la santé.

À côté de cela, les rapports familiaux et sociaux deviennent médiocres, car la priorité est laissée aux selfies, aux rendez-vous d’affaires, aux notifications. Ceux-ci semblent nous faire exister, mais hélas, dans un univers illusoire. En gros, si l’on continue dans cette voie, nous allons droit vers l’échec.

Les raisons de choisir d’être lent

Si vous êtes encore dubitatif quant au fait qu’il est primordial d’appuyer de temps en temps sur le frein, pensez à relire la fameuse fable de La Fontaine intitulée « Le Lièvre et La Tortue ». Celle-ci raconte la célèbre course entre un lièvre et une tortue. À la fin, la victoire revient à la tortue. Cette fable rappelle qu’il est inutile de courir, il faut partir à point.

Lorsque l’on y repense, l’on arrive à la conclusion que le but n’est pas d’économiser du temps, mais de le dépenser adroitement. En d’autres termes, vous devez faire les bons choix, revoir vos priorités, et mieux planifier votre emploi du temps pour vous charger aux choses essentielles. Puis vous devez supprimer celles qui ne sont pas bénéfiques.

Carl Honoré, un journaliste, présente dans son livre « Éloge de la lenteur » plusieurs situations où la lenteur est privilégiée et malgré cela, elles se concluent tout de même par un succès. Il soutient ses explications par des principes scientifiques, tels que le fait que l’homme détient deux types de pensées, à savoir la pensée rapide et la pensée lente.

La pensée rapide, concrète riposte à des problèmes spécifiques dans un bref délai. Ce mode de pensée est prépondérant au sein du milieu professionnel et du traintrain quotidien. Quant à la pensée lente, imaginative et instinctive, elle remémore par exemple une idée inopinée, à l’instant où l’on y pense moins. Cette seconde pensée doit être mise en avant si vous ne souhaitez pas tomber dans une routine.

Devenir une tortue au détriment du lièvre

Ralentir ne se fera pas du jour au lendemain. Vous devez pour cela changer votre style de vie, vos habitudes et par-dessus tout votre façon de penser. La première phase consiste à déterminer les principaux objectifs de votre vie privée et professionnelle. Et ce, à long terme. Vous pouvez par exemple décider de vous reconvertir, perdre vos kilos superflus, faire en sorte d’avoir une promotion, ou dédier davantage de temps à vos amis ou à vos enfants.

Dès lors que vos objectifs sont établis, vous pouvez passer à la seconde phase : faire des choix. Prenez votre agenda et passez chaque activité et entrevue des semaines à venir au crible. Sont-elles en accord avec vos objectifs ? Selon la réponse, vous vous débarrasserez de tout ce qui ne vous est pas utile. Et surtout, ne vous rendez coupable de rien, sachant que le temps et l’énergie que vous pourrez épargner seront employés pour des choses qui comptent réellement pour vous.

Troisièmement, trouvez un créneau dans votre planning pour vous adonner à des exercices de relaxation. Cela implique de prendre des pauses à de nombreuses reprises tout au long de la journée. Durant celles-ci, vous apprendrez à écouter votre respiration. Au final, une sensation de calme commencera à se répandre en vous.

Par ailleurs, si vous avez quelques minutes, au lieu de vous focaliser sur votre téléphone mobile à consulter le fil des actualités des réseaux sociaux, ouvrez grand vos yeux et contemplez ce que vous voyez autour de vous. Imprégnez-vous du moment présent.

Profitez de la joie d’exister, soyez à l’écoute de votre état d’esprit et de vos sensations. L’idée est de vous ressourcer pour améliorer votre niveau d’attention et de concentration et ainsi vivre le reste de la journée dans la plus grande sérénité. Alors, arrêtez de vous précipiter et levez votre pied de dessus l’accélérateur !